Refonder l’entreprise, Blanche Segrestin et Armand Hatchuel

Blanche Segrestin et Armand Hatchuel, Refonder l’entreprise Éditions Seuil, coll. La République des idées, 2012 Encore une étude sur les origines de et les remèdes à la crise, direz-vous (v. not., M. Aglietta et A. Rebérioux, Les dérives du capitalisme financier, Albin Michel, 2004) ! Détrompez-vous : la réflexion que proposent ces deux professeurs des Mines ParisTech, Blanche Segrestin et Armand Hatchuel, dans leur essai « Refonder l’entreprise », est, sans jeu de mots, une mine d’informations et de pistes de recherches. Comment lire un ouvrage d’économistes quand on ne l’est pas soi-même ? Les partisans de l’analyse économique du … Lire plus

Sans illusions : Mme Taubira à la Justice

Personne n’est obligé d’être d’accord Madame Taubira s’est fait connaître par son combat pour que la traite négrière soit reconnue comme un crime contre l’humanité. Une incrimination pénale imprescriptible n’est pas utile quand les protagonistes sont morts depuis longtemps, même si la cause est juste et l’intention louable. On lui pardonnera néanmoins son militantisme, malvenu juridiquement, mais qui donne la mesure de l’outrage ressenti. Peut-être fallait-il en passer par là. Il reste que ce combat ne lui a donné aucun titre pertinent pour le Ministère de la Justice. Elle l’admet, parait-il. A elle de démentir que sa nomination soit un … Lire plus

Service Public et nouvelle politique de gauche

Il suffit de prendre le métro à Paris pour constater rapidement que le niveau de service (personnel au contact de la clientèle, niveau de propreté des stations, etc.) est largement perfectible. Il suffit de prendre l’avion à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle pour noter que les horaires de la Police aux Frontières ne sont pas nécessairement calés avec ceux des arrivées des gros porteurs, générant d’importants et inutiles  temps d’attente pour les passagers, que la signalétique y est confuse, que les toilettes ne sont pas toujours d’une propreté exemplaire. Il suffit de se rendre dans un commissariat de police, dans … Lire plus

L’Inventaire du communisme, François Furet

François Furet, L’Inventaire du communisme, Editions EHESS Le petit livre (92 pages) réalisé par l’historien Christophe Prochasson à partir de discussions qu’eurent ensemble François Furet et Paul Ricoeur en 1997 n’est pas une introduction au maitre livre de Furet, Le passé d’une illusion (1995). Ce serait plutôt une piqure de rappel, heureuse et bienvenue. Les thèmes du Passé d’une illusion, repris dans cet Inventaire sur le mode de la conversation, s’éloignent de nous, de la même façon que la Guerre de 14-18 s’est éloignée. On ne se représente plus ce qu’a été l’illusion communiste, comme on ne comprend plus ce qu’ont … Lire plus

Margin Call

Film convaincant sur la crise financière, qui a le mérite de ne pas représenter le monde de la Finance comme une réunion de tempéraments hors norme aux comportements pathologiques (tels les personnages de Wall Street, tels encore dans la « vraie vie » Bernard Madoff ou Jérôme Kerviel). La crise n’est pas montrée comme la conséquence d’une escroquerie, qu’on pourrait attribuer et donc circonscrire à des individus déviants, mais comme un effet de système, comme la conséquence d’un système vicié, fondé sur un modèle mathématique inexact, dont le fonctionnement est d’autant plus dangereux que tous les mécanismes d’alerte ont été sciemment désactivés … Lire plus

Christian Petzold, Barbara

Excellent film allemand sur la vie quotidienne et les dilemmes personnels en Allemagne de l’Est au temps du communisme. À la différence de « La vie des autres » (2006), l’un des premiers films à montrer la réalité est-allemande, « Barbara » emmène le spectateur, non à Berlin-Est, mais dans une province de la RDA au début des années 80, et au lieu de le confronter aux grandes institutions totalitaires – Parti communiste et Stasi, …- le met en présence de représentants ordinaires, subalternes du pouvoir communiste : l’équipe de policiers qui fouille l’appartement de Barbara, le médecin-chef qui la surveille, sa … Lire plus

La part des anges

Un jeune délinquant de Glasgow se met à la tête d’un petit groupe de « scumbags » pour monter une escroquerie au whisky. Ils réussiront. Ce n’est pas moral, mais Ken Loach prend bien soin de montrer que les classes supérieures ne valent pas mieux que ces petits voyous. La victime de l’escroquerie sera un vieil américain du Connecticut, l’Etat où vivent les patrons de hedge funds et les états-majors de grands groupes, qui se coiffe d’une belle casquette de baseball (comme on pose un légende sous un tableau) au moment où il l’emporte sur un millionnaire russe, aux enchères, pour une barrique … Lire plus

Sarkozy et son bilan, Hollande et son projet

Il sera difficile de faire le bilan des cinq années de pouvoir sarkozyste. Le pire y côtoie le meilleur, de la chasse aux immigrés à la question prioritaire de constitutionnalité ou au Grenelle de l’environnement. Ceux qui s’y risquent sont pris soit par l’esprit de parti, qui fait tout approuver ou tout dénoncer, soit par l’absence de recul qui fait distribuer torts et mérites au mépris du principe de causalité. Il reste que le sarkozysme aura donné à voir ce que le groupe social dont relève sont héraut peut et ne peut pas faire, ce qu’il a mobilisé comme principes d’action et comme objectifs, et ce qu’il a laissé de coté. Par comparaison, que peut-on attendre d’un pouvoir socialiste ? Lire plus

La perplexité d’une francophone francophile ou Une journée aux services culturels

C’était la fine fleur de la francophonie scolaire de l’Amérique : le « sénateur à vie » de la grande fac de New York qui a fait triompher le nouveau roman à travers les Etats-Unis et qui tient le record mondial d’organisateur de colloques ; le grand esprit de l’histoire littéraire en France, qui professe à Paris et à New York, celui qui a théorisé nos vies entre deux pays; le président de l’Association Américaine des Professeurs de Français, un gentleman du Tennessee, statistiques à l’appui ; Lire plus

Sans fard: une mort qui évite de vilains débats

Personne n’est obligé d’être d’accord Pas plus mal au fond que l’assassin de Toulouse et de Montauban ait été abattu par la Police. Non parce qu’il faut punir de mort les assassins d’enfants ; ni même par ce qu’il est ainsi fait l’économie d’un procès qui lui aurait donné l’occasion de proclamer en tribune sa haine de la démocratie et de l’Occident ; ni non plus parce que les débats auraient montré les lacunes de la police dans la gestion de celui qui était probablement un indicateur ; mais parce que la société française étant ce qu’elle est, il ne serait … Lire plus