Charlie Hebdo : tristes moments, triste réalité

Les tristes évènements du 7 janvier, la mort de journalistes, de policiers sous les coups de feu tirés par deux sous-prolétaires de culture musulmane devenus terroristes, met sous les yeux de la société française une réalité pénible : une frange de la population arabo-musulmane, en France, est sensible à l’appel au Djihad, et il ne s’agit pas seulement d’une poignée d’exaltés, sans signification sociale.  C’est une mouvance dont le degré d’adhésion à cet islamisme de combat est variable, mais qui en tout cas n’est pas nul. Pour mille jeunes gens, à ce jour, partis en Syrie, combien de personnes en … Lire plus

Souvenir après Retour à Ithaque

Le beau film de Laurent Cantet, Retour à Ithaque, qui montre une petits groupe d’intellectuel cubains entre Tchekhov et Sakarov, fait revenir toutes sortes de souvenirs chez ceux qui ont connu Cuba, ces vingt dernières années – période durant laquelle la fausse monnaie castriste a cessé d’avoir cours, période de stagnation pour Cuba.   Tout y est  :   le charme de Cuba,  sa douceur, sa liberté sexuelle, sa mixité des races, sa culture, et l’horreur du stalinisme, mais aussi (et surtout) la nostalgie de la jeunesse enfuie, les regrets. Renée Fregosi, à qui nous devons notre dernier article sur la fin … Lire plus

Régis Debray, L’erreur de calcul

Dans ses articles et ses ouvrages, Régis Debray a pour marque de fabrique le brio verbal et le jeu de mots1Ce qui nuisait à son Modernes Catacombes, paru en 2013.. Sur deux cents pages, c’est fatigant.  Dans son dernier petit livre au format d’article, c’est plaisant. Cela donne parfois d’excellentes formules, comme celle par laquelle Debray prolonge le mot bien connu de Péguy : «« Tout commence en mystique et finit en politique« . Avec sa célèbre formule, Péguy ne détenait encore que la moitié du programme s’il s’avère que la politique peut elle-même finir en statistiques », écrit-il. Abaissement Debray ouvre … Lire plus

Palmarès des meilleurs films politiques de 2014

Et voici notre palmarès, sans esprit de sérieux, des films à dimension politique sortis durant l’année 2014 : 1. Léviathan (A. Zviaguintsev, Russie) : misère du Russe sans Dieu 2. Ida (P. Pawlikowski, Pologne) : Pologne, terre de contrastes 3. Retour à Ithaque (L. Cantet, France) : Cubains entre Tchekhov et Sakharov 4. Deux jours, une nuit (Frères Dardenne, Belgique) : Marion contre les patrons 5. De l’autre coté du mur (Ch. Schwochow, Allemagne) : l’Est-allemande se rebiffe 6. Night Moves (K. Reichardt, USA) : l’écologiste vire au noir Nos lecteurs sont invités à nous signaler nos erreurs ou nos oublis en … Lire plus

Andreï Zviaguintsev, Léviathan

Andreï Zviaguintsev raconte que l’idée de son film, Léviathan, lui est venue des Etats-Unis, de l’histoire d’un homme au Colorado qui refuse d’être exproprié par des promoteurs et qui finit par détruire à la pelleteuse les bâtiments du voisinage1Positif, interview d’Andreï Zviaguintsev, septembre 2014. Au demeurant, avec ses thèmes, son enracinement, sa sensibilité aux questions qui taraudent sa société, Zviaguintsev est un peu … Suite…- histoire au fond très américaine, où le héros, sûr de son droit, rejette une légalité viciée et se fait justice lui-même. Malgré cette inspiration, le fonds de ce Léviathan est fait de tout ce qui fait la … Lire plus

Christian Schwochow, De l’autre coté du mur

Dans le même style que Barbara dont il est comme le pendant, De l’autre coté du mur explore une dimension peu connue, en France du moins, de la vie allemande avant la réunification. Nelly réussit à émigrer légalement d’Allemagne de l’est en 1976, avec son fils d’une dizaine d’années, Alexeï, et avec l’aide d’un passeur qu’elle doit payer.  Elle est affectée à une sorte de camp de transit en République fédérale, à Berlin. Les services secrets, l’administration l’interrogent, avec une froideur qu’elle n’aurait pas imaginée.  C’est encore le temps de la Guerre froide ; l’Ouest se méfie des espions qui … Lire plus

Amérique latine : vivre après une dictature

Une dictature est toujours un évènement traumatique pour les individus et pour les sociétés. Plus ou moins meurtrière, une dictature repose toujours sur la contrainte, la peur et la douleur quelle soit morale ou physique, infligée, endurée ou redoutée. De plus, fonctionnant selon le principe de l’imposition, contrairement à la démocratie dont le principe fondamental est le libre choix, une dictature s’émancipe de tout contrôle citoyen et peut verser sans frein dans la corruption et l’incurie économique. Lire plus

La fascination de l’ordinaire (φ)

Quand j’étais enfant, je ne connaissais pas les eaux minérales gazeuses. Mais on buvait néanmoins à la maison de l’eau gazeuse, qu’on obtenait en ajoutant à l’eau du robinet une poudre blanche, nommée « O’ Bulle », dans des bouteilles à bouchon mécanique à joint en caoutchouc. Ce n’était pas très bon, mais c’était meilleur que l’eau ordinaire du robinet, que l’on appelait « l’eau dinaire ». C’est ainsi que je fus mis en contact aquatique avec le concept d’ordinarité. Pendant longtemps, je crus les choses ordinaires plus méprisables que les extraordinaires.  Je n’aurais jamais lu Poe s’il avait écrit des Histoires ordinaires, Jules … Lire plus

États-Unis : la ruée vers l’or noir

Au vu de tous les débats sur le dérèglement climatique, le pic pétrolier, le désinvestissement des énergies fossiles et les énergies renouvelables, on serait en droit d’attendre que la consommation pétrolière aux États-Unis suive une pente descendante.En réalité, c’est tout le contraire. La consommation pétrolière suit une trajectoire ascendante, avec une hausse de  400 000 barils par jour rien qu’en 2013 — et, si cette tendance se maintient, elle devrait encore augmenter en 2014 et en 2015. En d’autres termes, le pétrole est  de retour. En force. Les signes de résurgence abondent. Malgré ce que pensent certains, les Américains parcourent en moyenne plus de kilomètres sur les routes, s’arrêtent davantage à la pompe et ils ont de … Lire plus

Olivier Assayas, Sils Maria

C’est un assez mauvais film que livre Olivier Assayas, le cinéaste mieux inspiré des Destinées sentimentales, de Carlos et de Après mai.  Assayas, contrairement à ce que note la critique, très complaisante, ne domine pas son matériau fictionnel : toutes sortes de thèmes sont réunis, aucun n’est bien traité. Trop d’intentions, trop peu d’intensité. Le fil principal est qu’une actrice célèbre, Maria Anders (le nom rappelle le personnage d’une ballade de Brecht et Eisler, Marie Sanders – haute Europe !), jouée par  Juliette Binoche, se voit demander de rejouer, 20 ans après, une pièce qui l’a rendue célèbre –  cette fois … Lire plus