Nietzsche au piano

De Nietzsche, tout le monde sait qu’il a beaucoup aimé la musique, qu’il s’est disputé avec Wagner et qu’il a fini par mourir fou après de longues années de réclusion. On lit ses œuvres sans aller forcément au-delà de ces quelques faits. Le mérite du livre de l’écrivain-dessinateur Frédéric Pajak est de revenir sur ces éléments de biographie bien connus, dans un livre alerte et agrémenté de dessins qui rendent la noirceur qui finira par submerger le philosophe. Ce Nietzche au piano de 96 pages n’est pas une introduction à la philosophie de Nietzsche, mais il rend visible les ressorts … Lire plus

La philosophie française en revue

Je n’étais pas allé au défilé du 14 juillet depuis des années. Cette fois il était exceptionnel, car il réunissait, derrière la légion étrangère et les chasseurs alpins, toute l’armée de la philosophie française. Sur « La Plus Belle Avenue du Monde » ils étaient tous là. Menant le cortège, sur son cheval, tenant d’une main sa rapière et de l’autre saluant les dames d’un sourire gascon enjoleur, Michel avait fière allure. Lire plus

« J’ai vécu sous la Terreur » Vingt ans de French Theory dans les universités anglaises

Jeremy Stubbs, historien des idées britannique enseignant à l’Institut d’études politiques de Paris, a des idéees fort nettes sur l’atmosphère culturelles des années 1980 à 2000 en Angleterre, trop nettes ont pensé certains membres de notre comité de rédaction.  Il est permis de ne pas les partager, et de voir dans ce qu’il conteste une réaction bienvenue à des années de bonne conscience. Les conceptions nouvelles, celles qu’il brocarde, ne naissent pas toujours dans la prudence et la pondération. Bien souvent, elles sont accompagnées d’emphase et d’exagérations !  Et puis les coteries, l’adulation ne sont pas propres à une tendance intellectuelle plutôt … Lire plus

La fascination de l’ordinaire (φ)

Quand j’étais enfant, je ne connaissais pas les eaux minérales gazeuses. Mais on buvait néanmoins à la maison de l’eau gazeuse, qu’on obtenait en ajoutant à l’eau du robinet une poudre blanche, nommée « O’ Bulle », dans des bouteilles à bouchon mécanique à joint en caoutchouc. Ce n’était pas très bon, mais c’était meilleur que l’eau ordinaire du robinet, que l’on appelait « l’eau dinaire ». C’est ainsi que je fus mis en contact aquatique avec le concept d’ordinarité. Pendant longtemps, je crus les choses ordinaires plus méprisables que les extraordinaires.  Je n’aurais jamais lu Poe s’il avait écrit des Histoires ordinaires, Jules … Lire plus

Julien Benda : un clerc pour toutes saisons

Parmi les écrivains français de la première moitié du XXème siècle, il en est peu sur qui la lourde chape de  l’oubli se soit abattue aussi pesamment que sur Julien Benda (1867-1956).  Il se définissait lui-même parmi ses contemporains – il est de la même génération que Maurras, Barrès, Péguy, Proust, Valéry et Gide – comme le plus illustre des auteurs obscurs.  L’ombre a fini par le gagner entièrement.  S’il figure encore dans l’histoire littéraire, c’est pour incarner ce personnage ridicule, « l’intellectuel républicain » qui signe des manifestes au nom de la Vérité et de la Justice, et pour être l’auteur … Lire plus