Le calvaire des Ouïghours

Contreligne – Laurence Defranoux, comment en êtes-vous arrivée à vous intéresser aux Ouïghours ? Vous racontez que vous avez découvert ce peuple et le Xinjiang dès l’adolescence.

Laurence Defranoux – Mon intérêt pour le Xinjiang remonte en effet  à l’adolescence. Enivrée par les romans et les récits de voyage en Asie centrale, je rêve de me rendre dans cette immense région semi-désertique aux paysages grandioses, à l’histoire flamboyante et aux peuples fiers, rebelles et généreux, qui s’étend sur un sixième du territoire chinois. Dans Oasis interdites, l’écrivaine et aventurière suisse Ella Maillart raconte sa traversée épique à dos d’âne dans le Xinjiang troublé des années 1930, en compagnie du journaliste et espion britannique Peter Fleming, qui servira de modèle à son frère Ian pour créer le personnage de James Bond. Aussi, lorsqu’à 22 ans, je pars avec une amie en stop depuis Paris pour faire le tour du monde, notre première étape en Asie est Urumchi, la capitale régionale, ville du globe la plus éloignée de la mer. En 1991, les touristes y sont encore très rares.

Pendant un mois, sur des vélos déglingués ou à bord de bus brinquebalants, nous parcourons les immensités du Xinjiang Lire plus