Politique : triste, triste France

La situation politique en France est désespérante. Par ressentiment et xénophobie, une bonne partie des classes populaires1Paysannerie, salariés d’exécution, classes moyennes à petits revenus du secteur privé, mais aussi aujourd’hui du secteur public. souhaite élire un parti d’extrême-droite qui sait très bien pratiquer le double discours au sujet de son programme économique : proto-communiste avec les ouvriers du Nord, ultra-libéral devant les milieux patronaux. Il les trompe, et elles seront amères quand sous l’impulsion des milieux réactionnaires qui ont vocation à occuper les ministères économiques, une politique de réduction de l’État social sera mise en place, quand on s’apercevra que … Lire plus

Le passé comme projet

Le théoricien de l’extrême-droite Charles Maurras, défenseur du Félibrige et de la culture provençale, avait en son temps, au nom d’un « Nationalisme ethnique » créé la notion de «pays réel», de « pays vrai » qui s’opposait au «pays légal» celui des gouvernants. Quelques décennies plus tard, le gouvernement du Maréchal Pétain, suite à « l’étrange défaite » de juin 40, pour reprendre la formule de Marc Bloch, proposait en écho un retour aux sources, une reconquête depuis la base. Lire plus

« Georges Marchais ou la fin des Français rouges » de Sophie Cœuré

Le livre de l’historienne Sophie Cœuré vient à point nommé. En effet, on note depuis quelque temps un vif intérêt pour le Parti communiste français, feu le Parti communiste français serait-on tenté de dire. Comment un parti qui dominait la vie politique jusqu’au début des années 80 a-t-il pu quasiment disparaitre du champ politique ? Pourquoi, et alors même que le nouveau capitalisme a produit plus d’inégalités que l’ancien, le communisme ne fait-il plus recette ? Un autre phénomène mériterait aussi une analyse approfondie : comment expliquer de la part de personnes qui n’ont jamais eu de sympathie intellectuelle pour le matérialisme dialectique et encore moins pour la lutte des classes cette espèce de nostalgie pour le PCF d’alors ? Lire plus

Summer of Our Discontent – Ce qu’a signifié l’été 2020 selon Thomas Chatterton Williams

Matt Johnson nous a permis de republier en français son article, paru en septembre 2025 dans Persuasion, revue américaine dont les principes et les angles sont proches de Contreligne, auquel nous trouvons deux grands mérites : tout d’abord, il analyse le livre d’un excellent auteur qui s’est signalé cet été par une série d’articles dans Le Monde au sujet des Etats-Unis et des « identity politics », Thomas Chatterton Williams ; ensuite, il témoigne que la question du wokisme, ce mouvement qui a empoisonné la gauche pendant 10 ans et qui vient de s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions, demande à être posée à nouveaux frais si l’on veut préserver ce qu’il a pu avoir de légitime à ses débuts. Ndlr. Lire plus

Mais pourquoi a-t-il gagné ?

La victoire de Donald Trump a été totale. Que ce soit en nombre de grands électeurs (312 contre 226), en voix (plus de 76 millions contre près de 74 pour Kamala Harris), et aussi par le contrôle des deux assemblées du Congrès (Sénat et Chambre des représentants). Le résultat que tous les sondages annonçaient serré a donc déjoué tous les pronostics. S’il est exagéré de parler de raz de marée, on doit admettre que la victoire est éclatante et pour une raison simple : Trump a progressé partout. Lire plus

Réinventer la démocratie selon les experts de Libération

Pour son édition du 16 novembre 2024,  Libération a demandé à un certain nombre d’experts quelles seraient leurs idées pour « sortir de l’impasse » et « sauver la démocratie ». Chacun de ces experts, parfois plus des personnalités médiatiques que de véritables experts, a mis en avant une proposition. Certaines sont intéressantes, d’autres triviales ; d’autres encore sont anecdotiques.  Elles permettent de mesurer l’état de la réflexion dans une partie de la gauche, et d’identifier ce qui manque aujourd’hui pour transformer l’inquiétude générale en une base programmatique cohérente. Défiance envers la représentation Une première série de propositions témoigne d’une défiance envers la démocratie … Lire plus

L’évidence Trump, hélas

La victoire de Donald Trump a été une surprise pour les Démocrates et pour la plus grande partie des européens, à commencer par les deux auteurs de cette chronique. Rétrospectivement, compte tenu de son ampleur et de ce qui s’est avéré déterminant, on se demande comment l’illusion d’une victoire ou même d’une bonne tenue du camp démocrate a pu se maintenir si longtemps. Parmi les nombreux commentaires parus depuis le 5 novembre, certains tentent de disculper Kamala Harris, soulignant qu’elle s’est lancée bien tard dans la compétition électorale, en catastrophe, et qu’elle s’est trouvée, par sa faute cette fois, prisonnière … Lire plus

Kamala, des images avant tout

Mardi 29 octobre, Kamala Harris faisait son dernier grand meeting, son closing statement, à Washington DC.La ville n’a pas été choisie pour son potentiel de votes. Après tout, le District of Columbia est très largement démocrate, jeune, diplômée, ethniquement mixte, et la foule venue voir la candidate est déjà immense, ce qui montre bien qu’il n’y pas ici de réserves de voix, comme il en faudrait alors que les sondages se resserrent dangereusement. Tout le monde ici ou presque vote démocrate. La ville a été choisie pour une raison simple, la puissance des images. Devant la Maison Blanche, face au … Lire plus

Quand la gauche perd les batailles culturelles

Comment se fait-il que des fractions croissantes de l’électorat populaire, dans les pays occidentaux, choisissent des leaders, des partis de la droite extrême ou de la droite très conservatrice malgré les signes manifestes d’incompétence et les failles personnelles de leurs représentants ? Les exemples français et américains viennent immédiatement à l’esprit.

La gauche, lit-on, a abandonné la question sociale, sa raison d’être historique, pour se préoccuper surtout de la promotion et de la protection de minorités ethniques, culturelles ou sexuelles, et l’électorat populaire se détourne d’elle. C’est toute la polémique lancée après la première élection de Trump, qui paraît malheureusement devoir être suivie d’une seconde, par le philosophe américain Mark Lilla. Les identity politics auraient aux Etats-Unis discrédité la gauche, notait Mark Lilla. C’est aussi le débat qui a suivi la fameuse note de la Fondation Terra Nova. La gauche sociétale en France aurait elle-aussi oublié la question sociale et ainsi perdu le vote populaire. Lire plus

François Hollande au défi de gouverner

François Hollande comme Jacques Chirac, avis personnel, ressortent de cette catégorie de politiques qu’on peut ne pas apprécier : les habiles, ceux qui se complaisent dans les jeux politiques et la conquête du pouvoir, des rad-socs des temps modernes dont les idées sont aussi plastiques que les convictions sont fluctuantes. C’est donc avec surprise qu’il faut admettre ceci : son livre est d’une lecture agréable, et on vient à bout de ses 400 pages en assez peu de temps, sans avoir l’impression de s’être forcé. Lecture agréable donc, d’un livre bien écrit et surtout bien documenté. Même si le survol de … Lire plus