François Furet à contretemps

Voici un quart de siècle que François Furet (1927-1997) a disparu. L’abécédaire que propose opportunément Deborah Furet vient réveiller nos mémoires assoupies. Furet fut l’un des grands intellectuels français de la seconde moitié du siècle dernier, inlassable analyste de son temps à la lumière d’une histoire politique dont il fut l’un des plus subtils connaisseurs. Il en connut lui-même les tourments dès les années sombres. Spectateur engagé à la manière d’un Raymond Aron dont l’action et la pensée le marquèrent, Furet, à la différence de ce dernier, fut communiste dans les années 1950 avant d’engager une critique sans concession de toutes les contractures idéologiques qui accablèrent de plus en plus la gauche à la fin du XXème siècle et dont elle pourrait bien périr aujourd’hui. Sa mort coïncida presque avec l’effondrement d’une famille politique qui naquit sur les fonts baptismaux de la Révolution française, dont Furet fut aussi l’un des grands experts.

Cette fonction critique tournée vers sa propre sensibilité lui valut d’innombrables adversaires, à gauche, qui firent de lui l’un des responsables des « dérives libérales » dénoncées aujourd’hui par la « gauche radicale ». Lire plus

François Furet sur les Etats-Unis, 1992 et 1997

Dans plusieurs articles du Débat1Notre article sur la fin du Débat ici. parus dans les années 1990, François Furet (1927-1997) avait analysé la situation des Etats-Unis, notamment à la suite de l’élection de Jimmy Carter puis de celle de Bill Clinton. Son analyse de ce que l’on n’appelait pas encore les “identity politics” garde une justesse étonnante, même si l’on peut parfois penser que le paradigme tocquevillien qui l’inspire (la passion de l’égalité) n’épuise pas, à l’orée des années 2020, la question des revendications communautaires, qui dissimulent probablement un bon vieux holisme, prêt à reparaître à la faveur de toutes les … Lire plus