Romain Gary, sa vie, son œuvre

Kerwin Spire est l’auteur d’une remarquable biographie romancée de Romain Gary, le célèbre romancier deux fois prix Goncourt, parue aux Editions Gallimard. Les deux premiers volumes ont été republiés en livre de poche, et font partie des succès de l’été 2025. Le troisième, « Monsieur Romain Gary », vient de sortir en ce mois d’octobre. Si la biographie romancée est un genre classique, elle traîne parfois une réputation sulfureuse, celle de permettre des arrangements avec l’histoire et la fabulation. Ce n’est pas l’impression que donne la biographie de Kerwin Spire, qui est aussi l’auteur d’une thèse de doctorat sur l’œuvre de Romain … Lire plus

RN, Bolloré, Stérin…. Le retour du refoulé

Le trumpisme et l’extrême-droite française, qui se sont rapprochés ces derniers mois, ont beaucoup en commun, à commencer par l’idée de se venger de nos sociétés trop libérales, trop libres. S’ils apportent le même genre de solutions aux problèmes de l’heure, ils font aussi tous deux remonter en surface un passé, des valeurs qui avaient perdu leur crédit. Cette exhumation est plus visible aux Etats-Unis qu’en France, mais seulement parce qu’elle a commencé plus tôt outre-Atlantique. La revanche de la Guerre de Sécession Aux Etats-Unis, le trumpisme est souvent analysé comme la revanche de la Guerre de Sécession. A la … Lire plus

Janvier 1861, Lacordaire à la mort de Tocqueville

Lors de l’intéressante émission d’Alain Finkielkraut Réplique, ce samedi 20 septembre, sur la vie et l’œuvre d’Alexis de Tocqueville, l’une des deux spécialistes interrogées a fait référence au beau discours prononcé, peu après sa mort, par Henri Lacordaire. Cette référence nous a donné l’idée d’ajouter ce discours de 1861 aux éloges funèbres d’écrivains par d’autres écrivains que nous avons publiés il ya quelques années. Si l’on passe la rhétorique du temps et celle de la circonstance (une réception à l’Académie française), le discours garde tout son intérêt.  Ndlr. Lire plus

Kanaky ou Nouvelle-Calédonie Décolonisation et identité politique de la France

La Kanaky–Nouvelle-Calédonie est revenue au premier plan de l’actualité avec le soulèvement du 13 mai 2024, à la fois insurrection nationale kanak et révolte de la jeunesse contre ses conditions d’existence, puis avec la signature du « projet d’accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie » à Bougival, le 12 juillet 2025. Celui-ci fut rejeté formellement le 9 août 2025 par le FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste), qui dénonce son incompatibilité avec les «fondements et acquis de la lutte». Lire plus

Cités et ses Philosophes dans la Résistance

Signalons à nos lecteurs l’excellent numéro de juillet de la revue de philosophie, de politique et d’histoire Cités, consacré aux « Philosophes dans la Résistance », moins étudiés que les écrivains de la Collaboration, et à un bon esprit de la deuxième partie du 20ème siècle français, Jean-Pierre Faye, bien connu pour sa contestation de l’influence heideggérienne en France et pour ses travaux sur le langage totalitaire. Excellents articles sur Jean Guéhenno dans la Résistance sous la plume d’Emmanuel Faye, sur Camus sous celle de Vincent Duclert, Jankélévitch, Vernant, Lefort… Triste portait de Sartre en revanche, dans l’article sur Guéhenno. On y … Lire plus

L’archéologue et le diplomate

Nicolas Grimal, archéologue de terrain, égyptologue et professeur émérite au Collège de France, vient de publier un très intéressant ouvrage qui fait se croiser l’archéologie et la diplomatie aux Editions des Belles Lettres, «L’archéologue et le diplomate». L’archéologie relève en effet de la politique culturelle et scientifique, mais aussi de la politique extérieure de la France. Ce livre donne l’occasion d’explorer les intersections entre ces deux registres depuis deux siècles, et de faire revivre quelques grandes figures et quelques grands problèmes rencontrés par l’archéologie en France. Nicolas Grimal a bien voulu répondre aux questions de Contreligne. Lire plus

Réforme de l’audiovisuel public : «La logique budgétaire est habillée d’une ambition stratégique sans contenu»

Afin d’éclairer les parlementaires, il a été imaginé de leur remettre un rapport sur le regroupement des principales sociétés de l’audiovisuel public sous une holding dénommée France Médias. C’est ainsi qu’une ancienne dirigeante de Radio France, appuyée par deux hauts fonctionnaires, a remis au Parlement le 17 juin dernier un rapport intitulé « Mission d’accompagnement à la constitution d’une holding France Medias ». Il ne s’agit pas d’une analyse objective, mais de l’accompagnement d’un projet déjà conçu dans ses grands traits et ses modalités pratiques. Il reste que les arguments avancés par la bien nommée « Mission d’accompagnement » peinent à convaincre. Lire plus

Que lire ? Quoi emporter en vacances ?

Certains de nos contributeurs des dix-huit derniers mois ont eu la gentillesse de nous indiquer les livres qu’ils avaient lus, ou qu’ils allaient lire, durant ces mois de grandes vacances. Romans, essais, réflexions philosophiques, et même poésie…, la liste couvre de nombreux domaines. Stéphan Alamowitch Anna Arzoumanov, Juger les mots. Liberté d’expression, justice et langue,  Actes Sud, Collection La compagnie des langues, 2025 Colette, L’étoile vesper, Livre de poche Simone de Beauvoir, Lettres d’amitié. 1920-1959, Collection Blanche, Gallimard, 2022 Pascal Engel Jean Echenoz, Bristol, Minuit, 2025 Bertrand Russell, Essais impopulaires, trad. de l’anglais par Bernard Kreise, Les Belles Lettres Vincent … Lire plus

Simone de Beauvoir, romancière

Lors du colloque organisé pour le cinquantième anniversaire du « Deuxième Sexe », à Paris, en 1999, il était mal vu de parler de Simone de Beauvoir et de son amour des hommes. À cette époque, il n’y avait guère que les féministes pour s’intéresser à ce nom, encore l’intérêt était-il très sélectif : rien d’autre n’existait que l’ouvrage fondateur du féminisme moderne et de la notion de genre. L’université française dédaignait l’œuvre littéraire de celle qui n’était considérée que comme une intellectuelle féministe. Lire plus

« On ne peut plus rien dire… »

C’est un essai peu convaincant que livre le professeur de droit Thomas Hochmann.
En bon pédagogue, il sait rappeler la façon dont la liberté d’expression est instituée en droit français : autour d’un principe de liberté, qu’il appartient au législateur d’aménager et auquel il peut prévoir certaines exceptions. Selon l’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. ». Un principe de liberté, des exceptions définies par la loi, c’est encore sur ce modèle que la liberté d’expression existe en droit positif. Lire plus