Le calvaire des Ouïghours

Mon intérêt pour le Xinjiang remonte en effet à l’adolescence. Enivrée par les romans et les récits de voyage en Asie centrale, je rêve de me rendre dans cette immense région semi-désertique aux paysages grandioses, à l’histoire flamboyante et aux peuples fiers, rebelles et généreux, qui s’étend sur un sixième du territoire chinois. Dans Oasis interdites, l’écrivaine et aventurière suisse Ella Maillart raconte sa traversée épique à dos d’âne dans le Xinjiang troublé des années 1930, en compagnie du journaliste et espion britannique Peter Fleming, qui servira de modèle à son frère Ian pour créer le personnage de James Bond. Aussi, lorsqu’à 22 ans, je pars avec une amie en stop depuis Paris pour faire le tour du monde, notre première étape en Asie est Urumchi, la capitale régionale, ville du globe la plus éloignée de la mer. En 1991, les touristes y sont encore très rares.

Pendant un mois, sur des vélos déglingués ou à bord de bus brinquebalants, nous parcourons les immensités du Xinjiang, visitons des merveilles architecturales Lire plus

Revisiter l’orientalisme : la présentation de l’art chinois à la création du Musée Guimet

Musée Guimet

La France est l’un des pays européens qui a la plus longue et la plus riche histoire en matière d’échanges artistiques et culturels avec la Chine. Le XIXe siècle correspond en effet à une période particulière, marquée par la découverte, l’impérialisme et la multiplication des contacts culturels. Le Musée Guimet, le plus célèbre musée des arts asiatiques en France, fondé par Emile Guimet (1836-1918), est le fruit de ce contexte historique. Alors que les visiteurs se bornent à apprécier le contenu du musée, une certaine tradition universitaires s’attache aujourd’hui à replacer ce type de musées dans le contexte de l’impérialisme … Lire plus

Faut-il regretter la politique internationale de Donald Trump ?

Espérons que Donald Trump occupera bientôt les historiens du XXIème siècle, et eux seuls, et cessera d’être un sujet pour les rubriques de quotidiens. Il reste que sa politique internationale, malgré au moins trois failles majeures, avait le mérite de défendre des idées essentielles qui risquent d’être oubliées. S’agissant de ces trois défauts majeurs, nommons-les pour se convaincre qu’il n’y a pas lieu de regretter son départ : Donald Trump en refusant, tout d’abord, le multilatéralisme au nom d’une conception puérile de la souveraineté a négligé les institutions internationales, ce qui a permis à la Chine de peser davantage, au … Lire plus

Zhang Yimou, Coming Home

Ce sont des critiques sans bienveillance qui ont accueilli en Europe et aux Etats-Unis le film de Zhang Yimou, Coming Home, présenté à Cannes en mai dernier. Le film est un mélodrame familial et politique, et ne relève pas du grand cinéma, c’est un fait.  On lui reproche son “académisme”, ce qui est mal vu.  Et puis Zhang Yimou pâtit de sa réputation de cinéaste proche du pouvoir, accusation inexacte au demeurant. Les critiques manquent le point essentiel : ce film conçu pour le public chinois, qui parait-il lui a fait un triomphe (signe que la fiction touchait un point … Lire plus

Claude Meyer, La Chine banquier du monde

Encore un énième ouvrage sur la Chine et sa renaissance comme grande puissance, direz-vous. Encore un ouvrage où la perte d’influence de l’Europe sera constatée et où la difficulté des Etats-Unis à être la seule hyperpuissance – terme cher à Hubert Védrine, l’ancien Ministre des Affaires Etrangères – sera mise en avant. Détrompez-vous ! Claude Meyer, enseignant à Sciences Po Paris et ancien dirigeant de banque, attaque le sujet de la puissance grandissante de la Chine par le biais de l’économie et, plus particulièrement, par la finance. Il ne néglige pas pour autant les aspects historiques et politiques contribuant au retour … Lire plus

Cinéma : Touch of Sin, la violence du chinois dans un monde sans droit

La critique cinématographique a encensé Jia Zhang-ke pour son Touch of  Sin (prix du scénario à Cannes), comme elle l’avait encensé pour The World (2002) et surtout Still Life (2006). Et il est vrai que Jia Zhang-ke fait preuve, dans Touch of Sin, d’un sens du récit, d’une précision dans la mise en scène et d’un talent de direction d’acteurs de tout premier ordre. En quatre histoires qui sont comme autant de nouvelles et qui ne cherchent pas à s’entrecroiser, Jia Zhang-ke dresse un portrait accablant de la Chine contemporaine – portrait qui n’est pas sans éclairer les faits divers atroces, … Lire plus