1917 : l’année ou Barrès cessa d’être antisémite

Quelle étrange destinée, en effet, que celle de Barrès ! Voici un de nos plus grands écrivains aujourd’hui presque totalement oublié, à peine édité, l’écrivain maudit par excellence. Admiré par Blum et Aragon, estimé par Jaurès, il s’est métamorphosé en maître à penser de cette fameuse idéologie française théorisée par Bernard-Henri Lévy et contextualisée par Zeev Sternhell. Le jeune député boulangiste qui se proclamait volontiers socialiste-nationaliste, n’est-il pas, dès lors, l’inventeur du fascisme ? Alors que d’autres écrivains moins talentueux et plus marqués politiquement ont intégré la prestigieuse collection La Pléiade (On pense ici évidemment à Drieu la Rochelle), Barrès en est toujours exclu, ce qui ne manque pas d’interroger. Pauvre Barrès ! Et de surcroît, il a choisi le mauvais camp : celui de l’antidreyfusisme, théorisant par là même un nationalisme fortement teinté d’antisémitisme. La cause est entendue, n’en jetez plus Lire plus