Quand le militarisme cède la place au management algorithmique

Parmi les contre-arguments sérieux qu’on oppose à l’accusation de fascisme, portée contre Donald Trump et le régime qu’il institue aux États-Unis, figure le fait, indubitable, que le trumpisme n’a aucune tendance au militarisme. Il ne s’accompagne pas de marches au pas cadencé de masses d’hommes transformés en soldats, ni d’une esthétique guerrière, quoique le goût des armes à feu soit fort répandu dans les rangs MAGA. Il y a probablement dans le fonds culturel américain, même dans les franges les plus réactionnaires de la population, un individualisme foncier qui répugne à l’enrégimentement, ce dont témoigne, sur un mode qu’on jugeait … Lire plus

Kanaky ou Nouvelle-Calédonie Décolonisation et identité politique de la France

La Kanaky–Nouvelle-Calédonie est revenue au premier plan de l’actualité avec le soulèvement du 13 mai 2024, à la fois insurrection nationale kanak et révolte de la jeunesse contre ses conditions d’existence, puis avec la signature du « projet d’accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie » à Bougival, le 12 juillet 2025. Celui-ci fut rejeté formellement le 9 août 2025 par le FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste), qui dénonce son incompatibilité avec les «fondements et acquis de la lutte». Lire plus

Summer of Our Discontent – Ce qu’a signifié l’été 2020 selon Thomas Chatterton Williams

Matt Johnson nous a permis de republier en français son article, paru en septembre 2025 dans Persuasion, revue américaine dont les principes et les angles sont proches de Contreligne, auquel nous trouvons deux grands mérites : tout d’abord, il analyse le livre d’un excellent auteur qui s’est signalé cet été par une série d’articles dans Le Monde au sujet des Etats-Unis et des « identity politics », Thomas Chatterton Williams ; ensuite, il témoigne que la question du wokisme, ce mouvement qui a empoisonné la gauche pendant 10 ans et qui vient de s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions, demande à être posée à nouveaux frais si l’on veut préserver ce qu’il a pu avoir de légitime à ses débuts. Ndlr. Lire plus

L’archéologue et le diplomate

Nicolas Grimal, archéologue de terrain, égyptologue et professeur émérite au Collège de France, vient de publier un très intéressant ouvrage qui fait se croiser l’archéologie et la diplomatie aux Editions des Belles Lettres, «L’archéologue et le diplomate». L’archéologie relève en effet de la politique culturelle et scientifique, mais aussi de la politique extérieure de la France. Ce livre donne l’occasion d’explorer les intersections entre ces deux registres depuis deux siècles, et de faire revivre quelques grandes figures et quelques grands problèmes rencontrés par l’archéologie en France. Nicolas Grimal a bien voulu répondre aux questions de Contreligne. Lire plus

Simone de Beauvoir, romancière

Lors du colloque organisé pour le cinquantième anniversaire du « Deuxième Sexe », à Paris, en 1999, il était mal vu de parler de Simone de Beauvoir et de son amour des hommes. À cette époque, il n’y avait guère que les féministes pour s’intéresser à ce nom, encore l’intérêt était-il très sélectif : rien d’autre n’existait que l’ouvrage fondateur du féminisme moderne et de la notion de genre. L’université française dédaignait l’œuvre littéraire de celle qui n’était considérée que comme une intellectuelle féministe. Lire plus

9 mai 2025 à la télévision russe, miroir idéologique de la mémoire de guerre

Le 9 mai 2025 marque le 80ᵉ anniversaire de la victoire soviétique dans ce que l’on appelle, en Russie, la Grande Guerre patriotique. Longtemps restée une commémoration austère et ritualisée dans l’espace post-soviétique, cette date s’est progressivement transformée, depuis le milieu des années 1990, en une véritable fête nationale, jusqu’à devenir l’un des piliers identitaires de la Russie contemporaine. Avec l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, la valorisation de la victoire de 1945 est devenue centrale dans la rhétorique étatique, mobilisée pour nourrir un récit national unificateur et légitimer la continuité historique de l’État russe. Depuis 2022, cette instrumentalisation mémorielle … Lire plus

1947, dernières émeutes antisémites en Grande-Bretagne

La dernière explosion de rage antisémite en Grande-Bretagne eut lieu en août 1947. Presque entièrement oubliée aujourd’hui, elle n’est pratiquement jamais mentionnée dans le discours public. Il existe une seule étude universitaire consacrée à cet épisode, un chapitre de livre rédigé par Tony Kushner de l’université de Southampton et publié dans les années 1990. On recense un petit nombre d’articles de journaux, mais pas grand-chose d’autre. Cet oubli constitueraient en lui-même un sujet de recherche intéressant. Les émeutes de 1947 illustrent la rapidité avec laquelle une violence physique à grande échelle contre des personnes et des biens peut éclater quand sont réunies certain nombre de circonstances : préjugés antisémites, mécontentement économique et prétexte fourni par une guerre au Moyen-Orient. Lire plus

Léonie Villard, Journal de guerre

Le début n’est pas prometteur : Léonie Villard, nous dit-on en avant-propos, « semble ne pas exister sur Internet » en 2017 et jusqu’à la création d’une page Wikipedia cinq ans plus tard. Curieuse conception de la recherche – ou de l’Internet –, alors qu’il est question d’une éminente universitaire française dont quatorze monographies et une préface sont répertoriés depuis longtemps au catalogue numérique de la Bibliothèque nationale de France, à quoi il faut ajouter 61 entrées en tant qu’auteur dans le catalogue WorldCat et pas moins de 218 articles ou extraits de périodiques accessibles sous forme numérisée dans JSTOR depuis 1994. Et … Lire plus

L’affaire Pelicot comme culte de profanation

Les débats au sujet de l’affaire Pelicot laissent perplexe. Pour une partie de l’opinion, l’affaire témoigne de la propension des hommes à traiter les femmes en objet dès qu’il s’agit d’en retirer une satisfaction sexuelle, soit que cela participe de leur nature profonde, soit que ce soit l’effet de la culture du viol – culture donc, ce qui laisse espérer, après déconstruction, une reconstruction adéquate. Pour une autre partie, l’affaire témoigne de la diffusion d’un imaginaire pornographique dans la société, d’autant plus pernicieux qu’il imprègne l’imagination de pervers, dénués d’empathie, libérés de tous freins culturels à la réalisation de leurs … Lire plus