La Nuit du verre d’eau, de Carlos Chahine

Il serait dommage de passer à côté du beau film de Carlos Chahine, La Nuit du verre d’eau – premier film du cinéaste mais sans les défauts classiques des premiers films. Carlos Chahine, qui a quitté le Liban en 1975 lit-on sur son site, a une belle carrière d’acteur et de metteur en scène de théâtre en France, où il vit, et dans son pays natal1Voir son site.. Ceci explique cela probablement. En 1958, le Liban connait sa première crise politique depuis l’indépendance de novembre 1943. Nasser au nom du nationalisme arabe imagine d’unifier le Proche-Orient autour de l’Egypte, au … Lire plus

La Femme de Tchaïkovski, film misogyne

Dans la situation où se retrouve aujourd’hui la culture russe, ravagée par les oppositions politiques, éclatée par les exils et les existences semi-clandestines de ses meilleurs représentants, il  est difficile de porter un jugement sur un confrère de malheur. Mille données parasites viennent troubler la vision. Il est donc très difficile de parler de Kirill Serenbrennikov, un metteur en scène qui a dû passer par un procès en Russie, être assigné à résidence, privé de sa compagnie théâtrale, voué à l’exil, et qui doit composer maintenant avec un autre public et probablement puiser dans d’autres sujets. Pourtant la condition de Kirill Serebrennikov ne peut être comparée à celle des autres artistes russes non-officiels, tolérés à contre-cœur par le régime de Poutine (comme Alexandre Sokourov), mais également ignorés maintenant de grandes manifestations internationales. Lire plus

Colette et le cinéma

Colette connaissait bien et aimait les milieux du théâtre et du music-hall. On sait moins qu’elle eut une relation privilégiée avec le cinéma qui naissait à l’époque de ses débuts en littérature, en 1900.  Vous racontez qu’elle aime sincèrement le cinéma, qu’elle ne méprise pas comme d’autres écrivains de son temps, mais aussi qu’elle participe à la « fabrication » des films et à leur promotion commerciale du temps du cinéma muet puis du cinéma parlant. Lire plus

Lydia TÁR

Le film de Todd Field, TÁR, n’a pas laissé la critique indifférente dans les pays où il est sorti. C’est le film du moment qui fait parler de lui. Qu’il soit encensé ou décrié, il y a consensus sur le fait que Cate Blanchett est magistrale, impériale et que sa performance saisissante est le résultat d’un investissement rare, puisqu’elle a appris l’allemand et s’est remise au piano pour être à la hauteur de rôle. Son talent est salué partout sans réserve aucune et la positionne déjà comme favorite pour le prochain Oscar de la meilleure actrice. Quant au scénariste-réalisateur Todd … Lire plus

Retour à Séoul

C’est un film attachant que donne Davy Chou avec ce Retour à Séoul, présenté à Cannes en mai dernier et sorti mercredi 27 janvier.

Une jeune fille d’origine coréenne, adoptée à la naissance par un couple français, se trouve, presque de façon fortuite, à passer deux semaines à Séoul. Elle en profite pour découvrir une vie coréenne à laquelle elle n’est pas préparée. La différence des cultures, des mœurs donne des scènes très heureuses, parfois drôles, par exemple quand grisée par l’alcool coréen, elle transforme un simple diner dans un restaurant en grande discussion avec tous les jeunes clients du lieu. Elle en profite surtout pour tenter de retrouver ses parents biologiques grâce au centre qui s’était occupé de son adoption. Le film, dans ce qu’il a de meilleur, est construit sur cette recherche, et les rencontres avec le père et sa famille, puis bien plus tard avec la mère sont fines et touchantes, jamais attendues. Lire plus

Classique : les meilleurs albums de 2022

En cette fin d’année, Contreligne vous livre son palmarès des meilleurs albums parus en 2022. Quatre catégories instrumentales (piano, orchestre, musique vocale, musique de chambre) et quatre époques (baroque, classique, romantique, contemporain) ont été retenues. Pour se faire plaisir ou pour offrir à Noël, nos lecteurs y trouveront leur bonheur à coup sûr…. Messiaen, Mozart, John Adams, Schubert, Brahms, Gesualdo… Lire plus

À la recherche d’un continent perdu : les mélodies de Massenet

Qui pouvait se vanter de bien connaître les mélodies de Massenet ? Comme le souligne Jacques Hétu, maître d’œuvre de cette première intégrale, dans les Prolégomènes du livret accompagnateur, elles sont la partie la plus méconnue de sa production. Absentes des concerts, délaissées par les musicologues, objets de jugements aussi expéditifs que méprisants de la part de la critique – quand elle daignait s’y intéresser –, et boudées par les stars du chant, elles n’avaient fait que de furtives apparitions au disque. On n’en conserve pas des souvenirs moins précieux de ceux du baryton suisse Bernard Kruysen (magnifiquement accompagné par Noël … Lire plus

Comment voir le dernier Woody Allen ?

Rifkin’s Festival ne se laisse ranger ni parmi les grands Woody Allen,  ni parmi les petits Woody Allen, dans cet exercice annuel de répartition que permet une filmographie abondante et inégale. Rifkin’s Festival est une dernière révérence qui signale la fin d’une carrière, et une fin qui laisse transparaitre la fatigue et l’amertume. Ce film tourné avant la pandémie n’est pas officiellement le dernier du cinéaste, puisque on annonce un nouveau film tourné cette fois à Paris, mais il est difficile d’imaginer ce que Woody Allen pourrait encore donner. Woody Allen s’est choisi en Wallace Shawn, l’acteur qui joue le rôle de Mort Rifkin qu’il se serait attribué autrefois mais que l’âge ne lui permet plus de tenir, un alter ego commode – non qu’il lui ressemble mais ils partagent tous deux la même allure discrète et ce charme qui vient ou plutôt venait, c’est tout le film, de l’esprit et du brio verbal plus que du  physique. Cet alter ego, Mort Rifkin, suit sa femme, attachée de presse, au Festival de cinéma de San Sebastian où sa qualité de critique de cinéma reconnu lui vaut une certaine aura. Lire plus

Le siècle de Stravinsky

Igor Stravinsky est mort le 6 avril 1971. Ce demi-siècle écoulé est une bonne occasion de refaire le point sur l’homme et l’œuvre, et le livre de Lionel Esparza est le bienvenu. Comme nous le rappelle l’auteur en introduction, la nouvelle de la disparition de Stravinsky a été reçue comme un événement d’importance internationale. Pour en trouver un équivalent, il faudrait remonter à celle de Wagner, à coup sûr, ou de Beethoven probablement. En effet, nous rappelle l’auteur, Stravinsky était considéré comme « le plus grand compositeur du XXe siècle peut-être ». Ce « peut-être » restrictif tombe d’ailleurs quand … Lire plus

De Claudio Monteverdi à Claude Debussy

Avez-vous déjà essayé de chanter en pleurant ? C’est cette insoluble équation que tente de résoudre Claudio Monteverdi (1567-1643) quand il compose ses madrigaux, publiés entre 1587 et 1651 – le dernier l’ayant été après sa mort. Grâce à la musique, le maître parvient toutefois à transgresser cette impossibilité par le langage symbolique de l’art et au moyen de la métaphore. Cet effet nous est parfaitement rendu par la Compagnia Del Madrigale1Rossana Bertini, soprano. Francesca Cassinari, soprano. Elena Carzaniga, alto. Giuseppe Maletto, ténor. Raffaele Giordani, ténor. Daniele Carnovich, basse. Matteo Bellotto, basse., l’un des ensembles de musique vocale les plus … Lire plus