Les trois bourdes de la géopolitique allemande

Il est tentant de noter que durant les 120 années qui viennent de s’écouler, l’Allemagne aura commis trois énormes bourdes de géopolitique qui ont causé un préjudice considérable à l’Europe, avec la guerre pour conclusion logique : le pangermanisme qui fait croire aux élites allemandes qu’elles pourront constituer un empire qui dominera l’Europe ; le nazisme qui leur fait croire qu’un empire fondé sur la race pourra dominer le monde ; tout dernièrement, un goût de la paix et de la prospérité qui leur fait sacrifier toute puissance militaire, et une politique de coopération énergétique avec la Russie qui fait oublier que … Lire plus

Comment la gauche a perdu la raison

Jules Adler

L’évolution politique et intellectuelle (mais à gauche les deux sont souvent liées) d’une partie non négligeable de la gauche ne cesse de poser question. En effet, on n’est plus en présence d’idées qui peuvent être contestables mais qui sont assises sur un corpus doctrinal solide (comme l’était le marxisme) mais le plus souvent d’élucubrations pseudo-savantes, avec parfois des emprunts à des courants racialistes qui étaient, jusque-là, l’apanage de l’extrême droite.

Renaud Dély nous décrit tous les symptômes de cette dérive, et il le fait en homme de gauche mais en homme de gauche qui n’a pas renoncé à l’idée de progrès. Car c’est là la thèse de l’auteur : la gauche a renoncé à son héritage des lumières, elle a tourné le dos au progrès et à l’universalisme.


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Rapide, trop rapide bilan diplomatique après six ans de présidence Macron

Il sera temps de faire un jour sereinement le bilan diplomatique des deux présidences d’Emmanuel Macron. Aujourd’hui il est seulement possible de repérer certains traits qui, peut-être plus tard, appelleront recherches savantes et discussions, mais qui donnent déjà certaines indications troublantes. Comme souvent les ambitions de départ se sont heurtées aux faits, aux rapports de forces et aux aléas internationaux, ce qui est le propre de toute diplomatie tant soit peu construite et au fond de tout projet politique. Dans le cas d’Emmanuel Macron, cet écart entre les ambitions et les résultats tient quand même beaucoup aussi à une certaine … Lire plus

Où l’on voit que le Front républicain passe désormais par la droite, plus par la gauche

A maints égards, la situation politique française est désespérante. La gauche de gouvernement s’est dissoute, son corps central rejoignant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon dans l’anti-libéralisme de combat et l’opposition rageuse au président nouvellement élu, parfois par conviction, parfois par opportunisme électoral. Le ralliement et le soutien à la NUPES de nombreux maires socialistes de grandes villes montrent bien que la stratégie d’Olivier Faure ne relevait pas du coup de dé d’un politicien sans aveu. Dans une partie de l’électorat socialiste et dans la jeunesse de gauche en général, il existe une aspiration au changement social et à la radicalité politique, au nom desquels tout le reste passe à la trappe, jusqu’à l’Ukraine et au clientélisme communautaire de La France Insoumise. C’est le même ressort qui a poussé Jeremy Corbyn à la tête du Labour en Grande-Bretagne. Lire plus

Belgrade, Džordža Vašingtona

L’extrême droite serbe, déjà radicalisée, semble échapper à tout contrôle. A une échelle sans précédent, des graffitis représentant des photos ou le nom de Ratko Mladić sont tagués à la bombe sur les murs de Belgrade. La plupart des gens semblent ignorer cette vénération ouverte pour celui qui a été surnommé le boucher de Srebrenica. Ce sont dix-neuf graffitis le long de la rue centrale Džordža Vašingtona de Belgrade, entre les angles des rues Takovska et Cetinska, dix-neuf graffitis glorifiant Ratko Mladić en nom ou en image sur quelques centaines de mètres, dix-neuf que j’ai vus et documentés, soit une glorification du boucher de Srebrenica tous les 30 mètres environ – et je suis sûr que j’en ai manqué, peut-être même inconsciemment. Le visage de Mladić suffit à me mettre en colère. Lire plus

Faut-il regretter la politique internationale de Donald Trump ?

Espérons que Donald Trump occupera bientôt les historiens du XXIème siècle, et eux seuls, et cessera d’être un sujet pour les rubriques de quotidiens. Il reste que sa politique internationale, malgré au moins trois failles majeures, avait le mérite de défendre des idées essentielles qui risquent d’être oubliées. S’agissant de ces trois défauts majeurs, nommons-les pour se convaincre qu’il n’y a pas lieu de regretter son départ : Donald Trump en refusant, tout d’abord, le multilatéralisme au nom d’une conception puérile de la souveraineté a négligé les institutions internationales, ce qui a permis à la Chine de peser davantage, au … Lire plus

6 janvier 2021 – Davy Crockett dénaturés ou vrais fascistes ?

Quand un historien aussi respecté que Robert Paxton, dans les derniers jours de 2020, considère que le pouvoir de Donald Trump est proche du fascisme, il est évidemment permis de s’interroger sur la nature des événements du 6 janvier et de comparer les manifestants avec les foules fascistes des années 30. Les parallèles sont possibles, mais il reste que les images de la tentative de prise du Capitole ne correspondent pas au spectacle que donnaient, avant-guerre, les bataillons de fascistes, de nazis, de phalangistes…, et l’on songe par exemple à la Marche sur Rome d’octobre 1922. Le 6 janvier 2021, … Lire plus

Défense mesurée, prudente de la gauche woke

Il est tentant de rejeter comme aberrant un certain nombre de revendications de la gauche woke, “intersectionnelle”, “radicale” : véhémence de tous les instants, fondements philosophiques ridicules, rabâchage servile de thèses venues des pires sections des campus américains, aveuglement devant l’islamisme, intransigeance en toutes matières même les plus futiles, totale inutilité politique… et les raisons ne manquent pas dans les deux registres de cette gauche, le féminisme dit de “troisième génération” et l’antiracisme reprofilé qu’elle défend. Qu’on en juge La nouvelle mouvance féministe met en cause avec la foi du charbonnier un “patriarcat” de fantaisie dont on a bien du … Lire plus

La fin du Débat et la mort du clergé

L’annonce par son fondateur que la revue Le Débat allait cesser de paraître, 40 ans après son lancement, a frappé les esprits. La revue incarnait, avec sérieux et brio, la tradition française des grandes revues d’idées, et elle prolongeait une tendance intellectuelle apparue dans les années 1980, illustrée par Marcel Gauchet, son cofondateur, et de très brillants esprits au rang desquels figurait évidemment François Furet, dont nous donnons aujourd’hui des extraits d’articles des années 1990 sur la situation américaine – articles toujours pertinents (voir sur le site). Des causes si prévisibles Certains ont cru bon de mettre en cause les … Lire plus

Déboulonner, disent-ils (brèves observations)

Le mouvement qui commence à toucher la plupart des grands pays occidentaux visant à déplacer ou abattre les statues de personnages historiques pour leur rôle, réel ou supposé, dans l’esclavage ou la colonisation appellera certainement l’attention des historiens. Ils y verront probablement une forme nouvelle d’iconoclastie, cette rage contre les images du passé qui marquent le passage d’une religion à une autre, d’une époque à une autre. Le terme d’« iconoclastie » est souvent employé de façon péjorative,  à preuve les exemples qu’en donne le Centre national de ressources textuelles et lexicales (ici), mais au fond, il s’applique à tous les changements … Lire plus