La part des anges

Un jeune délinquant de Glasgow se met à la tête d’un petit groupe de “scumbags” pour monter une escroquerie au whisky. Ils réussiront. Ce n’est pas moral, mais Ken Loach prend bien soin de montrer que les classes supérieures ne valent pas mieux que ces petits voyous. La victime de l’escroquerie sera un vieil américain du Connecticut, l’Etat où vivent les patrons de hedge funds et les états-majors de grands groupes, qui se coiffe d’une belle casquette de baseball (comme on pose un légende sous un tableau) au moment où il l’emporte sur un millionnaire russe, aux enchères, pour une barrique de whisky à un million de livres.

Il est peu souvent remarqué que Ken Loach est l’un des grands cinéastes de la violence physique, non celle qui s’accompagne d’effets spéciaux, mais celles de la répression politique ou de la pure délinquance. Dans La part des anges, les scènes de rixe, filmées de très près, avec une multiplication d’aperçus de l’affrontement, sont d’une terrible violence, aussi impressionnantes que l”était la rafle de l’armée anglaise dans la petite ferme irlandaise, au début de The wind that shakes the Barley (2006).  Autre point du style Loach que l’on retrouvera dans La part des anges, les scènes de groupes pris en plein débat, dans  une ambiance de huis-clos – cette fois non dans un contexte politique, mais quand le petit délinquant, sa peine purgée, doit rencontrer la victime qu’il a failli tuer et sa famille, dans une confrontation pénible, dérangeante.  Ces deux constantes du style Loach figurent ici, avec leurs poids de drame, dans ce qui est fond une aimable comédie, de celles dont on dirait en France qu’elles sont des films du dimanche soir.

Le scénario n’évite pas la facilité – il paraît même souvent la rechercher ; les acteurs ne sont pas sans sur-jouer leur rôle ; mais La part des anges reste, malgré cela, une comédie plaisante et parfois même émouvante. Le prix du jury au dernier festival de Cannes, sans être totalement immérité, paraît assez bienveillant.

Film britannique de Ken Loach avec Paul Brannigan, John Henshaw, Gary Maitland (1 h 41).

Cassiopée Landgren

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