
Le mouvement qui commence à toucher la plupart des grands pays occidentaux visant à déplacer ou abattre les statues de personnages historiques pour leur rôle, réel ou supposé, dans l’esclavage ou la colonisation appellera certainement l’attention des historiens. Ils y verront probablement une forme nouvelle d’iconoclastie, cette rage contre les images du passé qui marquent le passage d’une religion à une autre, d’une époque à une autre. Le terme d’« iconoclastie » est souvent employé de façon péjorative, à preuve les exemples qu’en donne le Centre national de ressources textuelles et lexicales (ici), mais au fond, il s’applique à tous les changements culturels qui portent à reconsidérer les valeurs de l’époque précédente et les effigies qu’elle s’est donnée. L’iconoclastie est un moment inévitable dans la respiration des sociétés. Elle choque néanmoins quand elle procède d’une hargne, d’un fanatisme, d’autant plus virulent qu’il est minoritaire. Et c’est bien tout le problème de ce mouvement de déboulonnage. A aucun moment, il n’est proposé de réflexion collective, démocratique sur ce qui doit être déplacé et remplacé. L’émeute, la violence priment sur la réflexion et...