Benoît Hamon, nouvelle coqueluche de la gauche tendance suicide

La mauvaise foi est toujours nécessaire à quiconque veut d’un état médiocre s’élever au plus grand pouvoir 

Machiavel

Benoît Hamon est un cas d’école. En agitant des propositions programmatiques qui oscillent entre le ridicule ou le guignolesque (revenu universel), l’irréalisme total (visa humanitaire pour les migrants), et le sociétal déconnecté du réel (le cannabis), il a réussi à devenir le nouveau chouchou de la base militante du parti socialiste et de son noyau dur électoral. Mais il a réussi aussi un autre exploit : celui de mettre d’accord pour une fois les lecteurs de Jean-Claude Michéa et les tenants d’une ligne réaliste au sein du Parti socialiste : les orphelins de Michel Rocard ! Et ce n’est pas un mince exploit ! Car Hamon a une arme suprême : ceux qui critiquent son programme se voient affublés du terme néo. Vous critiquez ses propositions économiques : vous n’êtes qu’un affreux néo-libéral. Vous critiquez son sociétalisme tendance gauche suicidaire : vous êtes un néo-réac ! Hamon parle-t-il des problèmes qui, aujourd’hui, minent la société française comme toutes les sociétés occidentales ? Parle-t-il du déclassement social, de la crise sans précédent de la classe moyenne, de l’école, de la fracture ethnique et territoriale qui caractérise de plus en plus la société française, du pouvoir d’achat, en d’autres termes des vrais problèmes de nos concitoyens ? Pas ou presque pas ! Son projet est un catalogue de vœux pieux où le monde est partagé en deux : les discriminés et les « discriminateurs »!

Pour occuper la plèbe désoeuvrée, les Romains avaient inventé le pain et les jeux, Hamon nous recycle le revenu universel. Car Hamon prophétise l’avenir : du fait de la révolution numérique des millions de personnes seront au chômage et en plus le travail, c’est ennuyeux, alors il faut penser aux loisirs ! Hamon est un nouveau consul romain. Pour quelques centaines d’euros par mois, il vous offre le pain et les jeux. Sauf qu’à la différence des romains, nous n’avons plus d’empire à ponctionner ! Mais Hamon a pensé à tout : une nouvelle réforme fiscale et on fera payer les riches (comprendre, en novlangue de la gauche de la gauche, la classe moyenne). Hamon pense pour vous ; c’est lui qui décide de vos orientations. Grâce au revenu universel, nous entrerons enfin dans le monde festif et fraternel. Et en plus, vous oublierez vos soucis en fumant un petit joint, ce Hamon quel génie !

Pire, Hamon qui est passé par toutes les « écoles du vice » du PS nous joue la carte de l’idéaliste, de celui qui reste fidèle aux fondamentaux de la gauche. Mais pour Hamon et ses amis de la gauche de la gauche, ces nouveaux fondamentaux ne consistent plus dans la recherche de solutions aux problèmes rencontrés par les plus fragilisés de nos citoyens et la volonté d’établir sur des bases réalistes une société plus juste. A vrai dire, ces préoccupations qui devraient être celles de tout socialiste importent peu à Hamon. Une seule chose l’intéresse : l’établissement  d’un rapport de force au sein d’un parti moribond. Car Hamon comme Cambadélis et tant d’autres est un homme d’appareil. Ce qui l’intéresse c’est de se positionner et pour cela, il utilise toutes les vieilles recettes qu’il a apprises en 30 ans de militantisme. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas tant l’hypothétique peuple de gauche et ses problèmes, mais cette fraction du peuple de gauche qui pense que Taubira est son horizon indépassable. Quand Hamon compare les cafés fermés aux femmes dans certains quartiers avec les cafés ouvriers du siècle dernier, il sait qu’il raconte des balivernes mais quand on est le chantre de la gauche de la gauche il n’y a que deux intégrismes possibles : le catholique et le juif. Si vous dites le contraire, vous êtes bien sûr un néo-réac ! Le progressisme de Benoît Hamon fera les délices des prochains ouvrages de Michéa. Il est le point de rencontre d’apparatchiks parfaitement cyniques et d’un courant de pensée largement inspiré par le post-modernisme pour qui le réel n’existe pas. En d’autres termes, le point de  rencontre du néo-platonisme pour les nuls (le post-modernisme) avec l’ambition de petits machiavels seulement préoccupés par des enjeux internes, et surtout par leur carrière. Dans ce contexte, il vaut mieux en effet focaliser son discours sur le revenu universel, le cannabis ou le visa pour les migrants que de parler des sujets qui fâchent et pour lesquels, d’ailleurs, on n’a pas vraiment réfléchi. La posture factice est la marque de notre époque, et cela Hamon l’a bien saisi.

Hamon a réussi malgré tout un exploit : rendre crédible l’offre sociale-libérale tant la sienne est déconnectée du réel ! Et Macron l’a bien compris !

Jean-Claude Pacitto

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