Théâtre : Nosferatu

Difficile de prendre un vrai intérêt au Nosferatu joué, en ce moment,  à l’Odéon par une troupe polonaise de qualité, dirigée par Grzegorz Jarzyna (en polonais surtitré). Le thème, Nosferatu ainsi adapté à la scène et transposé aujourd’hui, avait pourtant de quoi de quoi attirer, avec ce mélange d’horreur, de jeunes femmes, de sang et et d’érotisme qui en a fait la célébrité – et tel n’est pas le cas.  On ne s’ennuie pas, on regarde,  mais on s’en fiche.

Comme souvent les spectacles donnés à Paris par les troupes d’Europe centrale, l’accent est mis sur les images fortes, servies par des acteurs impeccables et une mise en scène de haute précision. L’esthétique ici est celle d’Edward Hopper et des installations d’art contemporain.  Mais ce qui est gagné en impact visuel est perdu en intensité. Situation différente cependant plus à l’Est :  les spectacles du théatre Maly et l’Ostrowki mis en scène à la Comédie Française par Piotr Fomenko  (La Forêt), mort en août dernier, n’oubliaient pas de toucher le public.  La tradition russe ne perd pas de vue l’émotion, probablement.

Cette mise en scène de précision n’a malheureusement qu’une matière pauvre à mettre en forrme. Point de personnages auxquels il serait possible de s’intéresser, seulement des silhouettes sans matière jouées par des acteurs trop brillants. Les propos échangés sont en général dépourvus d’enjeux, et les thèmes sont d’autant plus ambitieux (le désir, l’immortalité, l’érotisme, ….) que leur substance est pauvre. On ne conseillera donc pas ce Nosferatu, malgré la qualité de la troupe et de son metteur en scène, et le plaisir d’entendre du polonais sur une scène parisienne.

Piotr Widelsky

Nosferatu, adaptation du Dracula de Bram Stoker

Texte et mise en scène : Grzegorz Jarzyna
Décor et costumes : Magdalena Maciejewska
Musique : John Zorn
Acteurs : Sandra Korzeniak, Katarzyna Warnke, Wolfgang Michael, Jan Englert, Jan Frycz, Krzysztof Franieczek, Marcin Hycnar, Lech Łotocki, Adam Woronowicz

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